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Vu à l’étranger Carabelas, la RSE à la modeargentine

La coopérative a ouvert deux nouveaux silos en deux ans, dont celui de Carabelas, de 13 000 t.

Il n’y a pas que du soja dans la Pampa. La RSE, ça compte aussi ! La coopérative de Carabelas, qui commercialise 200 000 t de grains, joue un rôle social important sur son territoire.

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Le long de la route entre Buenos Aires et Pergamino, les silos défilent au rythme des villages. À 200 km à l’est de la capitale argentine, les couleurs de la pampa varient entre le vert des champs et le gris des infrastructures. Dans cette région, mondialement connue pour ses exportations de céréales et de soja, de nombreuses firmes internationales sont présentes (Bunge, Cargill, Dreyfus, Monsanto, etc.). Dans ce contexte très concurrentiel, la ‘cooperativa agropecuaria limitada de Carabelas’ fait figure de Petit Poucet. Créée en 1937, elle collecte environ 200 000 t de céréales et d’oléagineux chez 350 adhérents producteurs, sur 50 000 ha. Néanmoins, cette coop de « second rang » n’est pas seule, elle s’appuie sur le réseau Aca, une association des coopératives argentines qui réunit 134 entreprises (50 000 producteurs) et commercialise 18 Mt de grains par an. En plus de la vente des grains et l’approvisionnement en intrants, Aca propose de nombreux services aux producteurs, comme des crédits financiers, des assurances (culture, habitat, véhicule…), une couverture santé et une agence de voyages. Au sein des bureaux de la coopérative de Carabelas, trois personnes sont dédiées à ces services.

« Une entreprise sociale de services »

Bien que 75 % de son chiffre d’affaires provienne de la vente de cultures (soja, maïs, sorgho, blé principalement), la coop se définit comme une « entreprise sociale de services ». Son directeur, Sergio Rodriguez Santorum, nous explique ce choix. « Vous avez deux façons de créer de la valeur ajoutée : soit par la transformation. Aca et 64 coopératives ont créé, par exemple, une usine de bioéthanol à partir d’amidon de maïs. Mais aujourd’hui, avec la forte inflation, il est compliqué d’investir. Soit par les services. La responsabilité sociétale est l’essence même de la coopération. Les hommes et les femmes sont le principal moteur de notre entreprise. Notre mission est d’améliorer leur qualité de vie d’un point de vue économique, en vendant bien leurs grains, mais également d’un point de vue social et environnemental. »

Incontournable et omniprésente

La coopérative est devenue incontournable à Rojas, Carabelas et Ferré, trois villages d’un millier d’habitants. C’est le premier employeur du secteur avec 100 salariés et 95 saisonniers. Tous les deux ans, un sondage est effectué auprès de la population pour connaître les besoins ou les souhaits. À partir des réponses, la coopérative a fait le choix de lancer trois supermarchés, une station-service et un magasin de bricolage, ouverts à tous, avec des facilités de paiements pour les producteurs. Aujourd’hui, la vente de carburant et les magasins rapportent 12,5 % du CA, plus que la vente d’intrants. La coopérative est présente dans de nombreuses institutions et anime la vie locale. Elle est représentée dans les conseils municipaux et dans les organismes institutionnels. Elle soutient le conservatoire de musique, les écoles, la police, la paroisse, l’hôpital, etc.

2,4 M€ injectés dans la vie locale

Régulièrement, un cabinet d’audit effectue un bilan social. Le dernier, en 2015, mesure notamment la présence de la coopérative au sein de sa communauté. On peut y lire que 320 000 € sont reversés à la société sous forme d’impôt ou taxe, 4 065 € sous forme de dons, 68 500 € sont affectés à l’environnement (sacs en toile et non en plastique dans les supermarchés), 1 M€ à l’achat de fournitures et 1 M€ destinés à des prestations de transport. Au total, près de 2,4 M€ sont injectés dans l’économie locale. Ainsi, les actions de la coopérative « coïncident avec les valeurs de coopération, de solidarité et de responsabilité », souligne le rapport.

Seul bémol, la participation des producteurs eux-mêmes. Comme dans certaines coopératives françaises, il est difficile de les mobiliser. « Sur 350 producteurs, seule une bonne centaine se déplace à l’assemblée générale, souligne Georges Breitschmitt, agriculteur à Rojas et membre du bureau. Nous rappelons régulièrement que si la coopérative disparaît, c’est le village qui disparaît. Dernièrement, nous avons développé une application qui fait le lien entre la coop et les producteurs. Elle est utilisée par plus de 400 personnes, soit davantage que le nombre de producteurs. Peut-être des futurs coopérateurs… » La bonne réputation de la coopérative dans le village semble porter ses fruits.

Aude Richard

© Aude Richard - Sergio Santorum, directeur, emploie 100 salariés. La coopérative est ainsi le plus gros employeur du secteur.
© Aude Richard - En parallèle de la collecte de céréales, la coopérative détient trois supermarchés, un magasin de bricolage et une station-essence.

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